La Côte d'Ivoire et le Ghana ont fait leur entrée dans le classement mondial des pays les plus touchés par la déforestation. Ces deux concentrent plus de 60% de la production cacaoyère mondiale. La Côte d’Ivoire à elle seule est responsable de 40% de l'offre mondiale, ce qui représente 5 milliards de dollars en exportations.
Le cacao est l'ingrédient principal du chocolat. Pour le produire, il doit être cultivé à l'ombre des grands arbres sinon il est très sujet aux ravageurs, aux maladies et aux rendements médiocres. Ce qui fait croire à certains agriculteurs, que la forêt est l'endroit idéal pour planter du cacao. Les forêts notamment les forêts classées sont donc infiltrées par des planteurs illégaux. Il est estimé à plus de 35% la production cacaoyère exportée hors de la Côte d’Ivoire et provenant des forêts classées ivoirienne.
De décembre 2017 à juillet 2018, Earthworm Foundation en partenariat avec la SODEFOR, l'agence forestière du gouvernement ivoirien, a utilisé des satellites pour cartographier la forêt classée de Cavally et suivre les perturbations que subit cette forêt. Il est ressorti qu’environ 200 à 500 hectares de la forêt classée de Cavally sont perdus chaque mois. L’une des causes de cette déforestation est que les producteurs de cacao empiètent sur les forêts et les défrichent. Si cela se poursuit et que rien est fair, la Côte d’Ivoire pourrait perdre ses forêts d'ici 2034. Une pareille situation pourrait avoir des conséquences drastiques sur la disponibilité du chocolat et la collation risque également d'être associée à la perte de plusieurs espèces de mammifères et de grands singes dont les forêts sont les habitats naturels. « La réserve forestière de Cavally abrite certains des derniers hippopotames et chimpanzés pygmées. Perdre cette forêt, c'est perdre toute sa biodiversité pour toujours », affirme le directeur général d’Earthworm Foundation, Bastien Sachet.
Conscient de cette situation, le gouvernement ivoirien a signé l'accord de Paris sur le climat et s'est engagé à restaurer 20% des terres du pays en forêts d'ici 2030. Par ailleurs, la SODEFOR a décidé de poursuivre en partenariat avec Earthworm Foundation, la surveillance satellitaire de la forêt classée de Cavally. Le regard est à présent tourné vers les entreprises chocolatières. Déjà en 2017, 12 des plus grandes entreprises chocolatières du monde ont formé une coalition, la Cocoa Forest Initiative (CCI). Cette coalition s'est engagée à mettre fin à la déforestation en Côte d'Ivoire et au Ghana. Le partenariat est ambitieux et réunit les bons partenaires autour de la table mais peu d’actions ont été entreprises. Pour Sachet, la plupart des discussions de la CCI ont porté sur l’agroforesterie. « Nous devons parler de l’agroforesterie, mais la déforestation est tout aussi importante. Nous avons besoin d'exemples concrets - au niveau régional - en Côte d'Ivoire qui démontrent que la déforestation peut être stoppée », a déclaré Sachet.