Depuis 2022, l'aquaculture est devenue la principale source de protéines animales aquatiques à l'échelle mondiale, dépassant la pêche sauvage, selon la FAO. Elle est désormais le moteur de la croissance de la production de fruits de mer dans le monde entier, une tendance qui devrait s'accélérer dans les années à venir.
Plus de 90 % des stocks mondiaux de poissons marins sont pleinement exploités ou surexploités, ce qui laisse un potentiel limité pour augmenter les captures sauvages. L'aquaculture est donc devenue essentielle pour répondre de manière durable à la demande croissante de produits de la mer. Dans les pays occidentaux, les consommateurs montrent une forte préférence pour les espèces carnivores telles que le saumon, la truite, la crevette, le bar et la dorade. L'élevage de ces espèces contribue à réduire la pression exercée par la pêche sur leurs homologues sauvages, dont beaucoup sont en déclin.
Cependant, cette solution s'accompagne d'un paradoxe. Pour élever ces poissons, de grandes quantités de farine et d'huile de poisson sont nécessaires afin de répondre à leurs besoins élevés en protéines et en oméga-3. Ces ingrédients sont principalement produits à partir de petites espèces pélagiques capturées dans le cadre de la pêche de réduction. Dans la pratique, cela signifie que certaines espèces sauvages sont pêchées pour nourrir les espèces d'élevage. Lorsqu'elles ne sont pas correctement gérées, ces pêcheries peuvent exercer une pression supplémentaire sur les écosystèmes marins et créer des défis socio-économiques pour les communautés côtières qui dépendent de ces ressources.
Conscientes des enjeux, plusieurs entreprises ont souhaité lancer en 2021 une initiative pour la durabilité de l’alimentation aquacole avec l’appui d'Earthworm Foundation.
Ainsi, 10 entreprises françaises sont réunies au sein d’un groupe de travail pré-concurrentiel, coordonné par Earthworm Foundation pour contribuer collectivement à la responsabilisation de l’alimentation des poissons d’élevage entrant dans leurs chaines d’approvisionnement. Ces entreprises travailleront, en premier lieu, sur la filière saumon.
Observation : La production d'aliments aquacoles repose encore largement sur les poissons sauvages, ce qui contribue à exercer une pression sur les écosystèmes marins et à favoriser la surpêche. Alors que l'aquaculture se développe pour répondre à la demande croissante en produits de la mer, il n'est pas viable de continuer à dépendre de ressources sauvages limitées pour l'alimentation animale.
Mission : Accélérer la transition des chaînes d'approvisionnement aquacoles européennes vers un approvisionnement responsable en utilisant des aliments aquacoles plus durables.
Objectif : Réduire les impacts environnementaux et sociaux des aliments aquacoles en limitant l'utilisation de farine et d'huile de poisson provenant de la pêche fourragère, en augmentant l'utilisation d'ingrédients alternatifs, novateurs et circulaires, et en veillant à ce que les ingrédients d'origine végétale tels que le soja ne soient pas liés à la déforestation ou à la conversion des écosystèmes.
Stratégie : définir des objectifs collectifs de durabilité pour les aliments aquacoles, impliquer tous les acteurs clés de la chaîne d'approvisionnement (distributeurs, transformateurs, agriculteurs, producteurs d'aliments, etc.), mettre en œuvre des actions d'amélioration concrètes au sein de leurs chaînes d'approvisionnement et suivre les progrès grâce à des indicateurs communs.
En 2021, le groupe a mené une enquête sur l'élevage du saumon en Norvège, en Écosse et au Chili auprès des fermes qui approvisionnent les membres de l'Aquafeed Initiative. L'évaluation s'est concentrée sur les pratiques alimentaires et le bien-être animal, fournissant un premier aperçu des principaux défis en matière de durabilité.
En 2022, les membres ont défini un ensemble d'objectifs collectifs en matière d'alimentation aquacole durable à atteindre d'ici 2030. Ces objectifs ont été élaborés en consultation avec les principaux acteurs du secteur (producteurs de saumon, fabricants d'aliments pour animaux et experts techniques) afin de garantir leur faisabilité et d'orienter l'action collective. Les membres se sont engagés à mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs d'ici 2030.
En 2023 et 2024, les efforts se sont concentrés sur la cartographie de la chaîne d'approvisionnement du saumon, le renforcement de l'engagement des parties prenantes et le soutien à la transition vers des ingrédients alimentaires plus responsables. Une évaluation de référence a été réalisée afin d'établir des indicateurs de référence pour la durabilité des aliments pour animaux. Les principaux résultats moyens du groupe sont les suivants :
Deux ateliers multipartites organisés chaque année à Paris ont réuni des détaillants, des fabricants d'aliments pour animaux, des agriculteurs et des fournisseurs d'ingrédients afin d'échanger sur la réduction de la dépendance à la farine et à l'huile de poisson et l'élargissement de la gamme d'ingrédients alimentaires alternatifs. Parallèlement, l'Initiative a développé des ressources techniques sur les ingrédients alternatifs et a commandé une enquête auprès des consommateurs en France afin d'évaluer la perception et l'acceptation de ces innovations par le public. Ensemble, ces actions ont renforcé la base de connaissances et le cadre de collaboration de l'Initiative pour la prochaine phase de mise en œuvre.
Ces objectifs sont déclinés en indicateurs qui seront mesurés à intervalle régulier.
L’initiative est aujourd’hui ouverte à tout type d’entreprise (distributeurs, transformateurs, éleveurs ou fabricants d’aliment) alignés avec ces valeurs, sous condition de partage des objectifs collectifs.
S'appuyant sur les travaux menés au cours des deux dernières années, le plan d'action 2025 met l'accent sur le renforcement de l'harmonisation, de la transparence et de la communication afin de soutenir l'adoption d'ingrédients alimentaires novateurs et alternatifs.
Harmonisation stratégique des exigences en matière d'approvisionnement
Collaborer avec les membres de l'initiative et les détaillants afin de définir une stratégie commune pour intégrer les ingrédients alimentaires alternatifs dans les exigences en matière d'approvisionnement. L'objectif est de garantir une approche cohérente et concertée tout au long de la chaîne de valeur afin de soutenir la transformation du marché.
Communication et engagement des consommateurs
Pour favoriser la transparence et le choix éclairé des consommateurs :
Engagement des parties prenantes
Poursuivre le dialogue avec les principales parties prenantes, notamment les ONG, les institutions européennes et les associations de défense des consommateurs, afin de promouvoir des discussions constructives sur les ingrédients alternatifs et les moyens de soutenir une industrie aquacole plus durable.
Extension à la truite
Étendre le champ d'application de l'initiative à l'élevage de la truite d'ici la fin de l'année. Cela impliquera d'identifier les principaux défis en matière de durabilité, de fixer des objectifs et de cartographier les chaînes d'approvisionnement en truite des membres de l'initiative.
Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations sur cette initiative, vous pouvez contacter les coordinateurs :